À l’étranger, les modèles sont très différents. En Allemagne, le Tagesschau sur ARD ne dure que 15 minutes, est entièrement consacré à l’actualité du jour, sans sujets “magazine” — et pourtant, c’est le JT le plus regardé du pays. Même chose au Royaume-Uni avec le BBC News at Ten, un journal de 30 minutes, rigoureux, dense, sans digressions. Ces formats courts et concentrés vont à l’essentiel et respectent la frontière entre information et magazine.

Cela n’empêche pas ces chaînes de proposer ensuite des émissions de reportage ou de société, mais elles ne sont pas intégrées au JT. En France, à force de vouloir tout faire en une seule émission, on finit par ne plus répondre clairement à la mission première : informer.

Je ne vois pas vraiment la chose comme ça personnellement.
Quand je sors d'un 20H de France·2, je suis globalement bien informé de ce qu'il s'est passé dans l'actu.
Au passage, on sait déjà ce que font les autres pays, FredC. nous l'a souvent répété.
Mais chaque pays a ses spécificités.

D'ailleurs, puisque tu me sembles un peu calé sur le sujet, quelques questions qui permettront de mieux appréhender le sujet :
• Combien il y a t-il de chaînes gratuites en Allemagne et au Royaume-Uni ?
• Et combien comptent t-elles de chaînes publiques ?
Après ça, on pourra vraiment savoir si c'est comparable ou pas.

La consommation de l'information est aussi beaucoup plus importante en France que dans la plupart des autres pays étrangers.

Suffit déjà de comparer le nombre de chaînes infos gratuites par rapport à nos voisins et la part énorme d'audience globale qu'elle représente.

En Allemagne, il existe une trentaine de chaînes gratuites, dont une partie en diffusion nationale. Les principales chaînes publiques sont ARD et ZDF, mais le service public allemand comprend aussi une série de chaînes régionales (comme WDR, BR, NDR…) ainsi que des chaînes thématiques comme 3sat, Phoenix ou KiKA. Au total, on compte une dizaine de chaînes publiques en clair, toutes financées par la redevance.

Au Royaume-Uni, l’offre gratuite comprend une cinquantaine de chaînes via la plateforme Freeview. Côté service public, la BBC en propose neuf (BBC One, BBC Two, BBC News, BBC Parliament, CBBC, CBeebies, etc.). Là aussi, elles sont financées intégralement par la redevance.

Donc oui, les contextes sont différents, mais ça n’empêche pas de comparer les formats et les choix éditoriaux des JT. L’approche beaucoup plus stricte sur le traitement de l’actu — sans sujets magazine dans les JT — est une constante chez eux.

Il serait intéressant de comparer avec les tv publiques latines (RAI, TVE…) qui se rapprochent plus peut être du format français, mais je connais assez mal cette partie de l’Europe.

J'entends tes exemples mais ne suis pas totalement convaincu par l'argument puisque le service public, précisément France 2, nous gratifie d'un JT "long format" et de nombreux magazines dédiés à l'approfondissement et à l'investigation (pour ne citer que les plus exposés : Complément d'enquête, Envoyé spécial, Cash investigation). Je trouve donc que l'on a une offre très riche, ce qui n'empêche pas que l'on puisse relever de temps à autre des traitements qui peuvent nous sembler insuffisants sur tel ou tel sujet... Mais cela dépend aussi de la sensibilité de chacun.

Oui, c'est que le 13h qui est problématique sur le temps accordé à l'information, le 20h dans sa formule actuelle est très bien, de même pour les magazines d'info en soirée.

10 chaînes publiques donc, soit 3 de plus qu'en France. On comprend donc un peu mieux pourquoi les journaux sont réduit à 15 minutes seulement : pour économiser de l'argent.

2 de plus qu'en France. Mêmes causes, mêmes effets.

Ces 3 pays ne sont donc pas comparable, désolé. Mais c'était bien essayé tout de même...

Sachant que de toutes ces chaines de la BBC, seules BBC One, BBC Two, BBC News et BBC Parliament ont des JTs. De ces JTs, tous ceux diffusés sur BBC One et BBC Two sont simultanément diffusés sur BBC News. Quand à BBC Parliament, c'est un peu LCP-Public Sénat (voir peut-être plus simple que ça, juste des diffusions de séances au Parlement). Donc comparons un peu à la France: 2 chaines principales avec des JTs, une chaine info et une chaine du Parlement. C'est peu ou prou la même chose qu'ici, à ça près que les diffusions simultanées quotidiennes sont interdites (et on ne compte même pas Arte).
Après 15 minutes pour un JT, je trouve ça très court... Peut-être à cause de l'habitude du coup Mais 30 minutes, ça dépend, mais ça peut passer.

La véritable rupture dans l’organisation des journaux télévisés en France s’est opérée à la fin des années 1980, au moment de la privatisation de TF1 en 1987. Avant cela, les JT — qu’ils soient diffusés sur TF1 ou Antenne 2 — suivaient une hiérarchie stricte de l’information : politique, international, économie, société… Le journal ne durait généralement pas plus de 25 à 30 minutes, et s’il venait à dépasser d’une minute, le présentateur s’en excusait presque, tant la concision était une règle implicite.

Il n’y avait aucun sujet magazine intégré au JT lui-même. Les formats longs, les portraits ou les reportages de société étaient réservés à d’autres émissions spécifiques. Le JT, lui, se voulait rigoureux, informatif, et centré uniquement sur l’actualité du jour.

Avec la privatisation de TF1, la logique change radicalement. Le journal doit devenir un produit familial, pensé pour être regardé par tout le monde, de 7 à 77 ans. Il ne doit donc plus seulement informer, mais aussi rassurer, détendre, et retenir le public sur la chaîne. C’est là qu’apparaît progressivement une nouvelle recette : après un sujet difficile (conflit, crise, faits divers), vient systématiquement un sujet plus léger, magazine — sur les pêches, les vacances scolaires, la météo de l’été… Une sorte de “respiration éditoriale” destinée à équilibrer les émotions du téléspectateur et à éviter la saturation d’informations anxiogènes.

Ce modèle TF1 a ensuite influencé les autres chaînes, y compris celles du service public, qui ont intégré à leur tour des séquences magazine dans leurs JT, parfois jusqu’à brouiller la frontière entre information et magazine.

Je ne vais pas contredire ton commentaire car il y a indéniablement du vrai dans ce que tu décris. Par contre, il faut absolument cesser de créer une opposition entre les termes "information" et "magazine". Un "sujet magazine", ça ne veut strictement rien dire car on peut tout mettre dans cette formule.

Je suis bien d'accord avec stargazer sur ce point, et le sujet sur la surpêche qui a déclenché cette discussion en est un parfait exemple. C'est de la conso ou de l'environnement ? Du magazine ou du hard news ? Les JT aujourd'hui sont complètement protéiformes, tant les possibilités d'angles, de narration et de mise en scène sont nombreuses.

À ce propos :
https://www.lemonde.fr/actualite-medias ... 1752398118

Merci pour cette contribution, Fred, sujet effectivement très intéressant !